Voila, hier j'ai rendu ma clef de l'équipe du Secours Catholique de Bernay. C est avec beaucoup de tristesse que j'ai donné ma démission. De la tristesse pour tous ces gens, avec qui pendant 2 ans j'ai partagé des moments intenses des moments de respects mutuels, ce genre de moment unique qui vous font dire que la vie vaut le coup d'être vécue. J'ai beaucoup écouté, j'ai permis à ces personnes de parler sans contrainte, sans jugement, avec sincérité. Beaucoup m'ont témoigné leur joie d'avoir pu se libérer par la parole. Pour certains je les ai accompagné dans leur démarche, à chaque fois que je pouvais le faire et qu'ils le demandaient. Mais je suis parti aussi avec soulagement. Je ne partageais pas les options prises par le management de l'équipe. Cet état de fait m'a beaucoup perturbé. J'avais l'impression que l'équipe s'éloignait de ses objectifs ou au moins que mes objectifs et ceux de l'équipe divergeaient de façon importante. Je crois que le rôle d'une association caritative est d'accompagner les plus démunis. Ses moyens sont limités, la pauvreté est très grande, il faut donc être très rigoureux dans le choix des personnes à aider, il faut agir avec justesse. Il y a plusieurs type d'aide, nous pensons tous généralement à la nourriture. C'est vrai et nécessaire, mais ce n'est pas que cela. Il existe d'autres détresses au moins aussi douloureuses, je veux nommer la solitude, la peur, les violences, les nouveaux nés dans les familles en déshérence , etc... C'est à cause de cette diversité et de cette complexité qu'il faut travailler et réfléchir sur les aides à prodiguer et comment. On n'a pas le droit de gaspiller des ressources faibles et limitées. Il faut donner de la nourriture à ceux qui ont faim, écouter, sans forcément appâter avec un panier alimentaire, ceux qui sont en détresses morales ou physiques. Je dis appâter car je vois la distribution alimentaire comme un prétexte pour avoir du monde aux accueils. Le fait d'être centré sur la nourriture nous fait passer régulièrement à côté des vrais problèmes. Comme cette femme dont le jeune fils parle de suicide, ou cette autre qui n'arrive pas à avoir ses papiers, ou encore cet homme qui bien que travaillant n'arrive pas à joindre les 2 bouts et souffre de problèmes psychologiques. Alors je crois que les équipes doivent se développer, en essayant de combler ces lacunes et en se posant les vrais questions sans tabou at avec franchises vis à vis de soi de l'équipe, des accueillis. C'est un gros travail. Je n'ai pas réussi à l'expliquer ou à me faire entendre au sein de l'équipe. J'ai préféré partir. D'aucun ont interprété mon départ comme résultant d'un conflit avec le responsable. Non, je me suis toujours exprimé avec ma façon de faire de parler avec mes sentiments, sans vouloir blesser qui que ce soit. (Notre responsable a été blessée par mes paroles et j en suis sincèrement désolé). Mais dans une équipe il faut savoir accepter l'autre comme il est, il faut savoir écouter, il faut savoir accepter la contradiction. Alors comme je n arrivais pas à m'épanouir je suis parti, vers d'autres actions et équipes qui correspondent mieux à ma personnalité. On ne peut être aux côtés des autres que si soit même nous sommes bien avec nous même, et que nous évoluons dans une équipe unie qui partage les mêmes objectifs.
Voila pour aujourd'hui. J'espère que je ne vous ai pas trop ennuyé.
